Amandine Maurice
Pourquoi j'ai opté pour l'éducation bienveillante
Dernière mise à jour : 17 nov. 2022
J’ai été élevée selon ce que certain.e.s appellent l’éducation traditionnelle française, pour d’autres, ce que j’ai vécu relève de la maltraitance.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu peur de ma mère. J’ai grandi avec des interdits certes, mais surtout avec de la violence. De la violence physique, de la violence psychologique, de la violence sexuelle.
Je me souviens avoir appris mon alphabet à coup de claques. Chaque fois que je me trompais, je m’en prenais une. Chaque fois que je faisais une « bêtise », j’avais droit à une fessée, ou une claque.
Parfois, elle frappait par derrière, alors qu’on mangeait. Comme ça, sans raison apparente. Sous prétexte que « si tu trembles, c’est que tu as fait quelque chose, donc tu le mérites ». Les claques et les fessées ne suffisaient pas toujours. La ceinture, le martinet ou les casseroles et poêles prenaient parfois le relais.
Pourtant je ne portais pas de traces de coups (son père, militaire, lui avait bien appris où frapper pour ne pas laisser de marques). Pour certain.e.s ce n’était pas grave car je n’avais pas de traces.
Quand les coups ne pleuvaient pas, c’étaient les menaces, le chantage, l’humiliation, le rabaissement : « tu ne fais jamais les choses correctement », « tu finiras caissière/sous les ponts » (j’étais pourtant parmi les meilleur.e.s en classe), « tu n’as pas ton mot à dire », « je suis ta mère, tu dois obéir », « pleure, tu pisseras moins », « tais-toi ». Je pouvais rester plusieurs heures devant mon assiette pour me forcer à la finir (moi qui ai un trouble de l’oralité). J’ai dû recopier plus de 200 fois « tu ne dois embêter ta sœur ». Je n’étais rien, et je n’avais pas droit à la parole, pas droit à une opinion, pas le droit d’exprimer mes émotions.
Est-ce que j’en suis morte ? Non. Pourtant, une petite partie de moi mourait à chaque coup porté, à chaque humiliation.
Aujourd’hui, je suis une personne qui a peu confiance en elle, avec un attachement insécure et une propension à la colère et à la violence (je n’en suis pas fière mais je fais tout ce que je peux pour y remédier).
Pendant très longtemps, j’ai eu peur. Peur de ma mère, peur de ce qu’elle pourrait me faire si je ne « filais pas droit ».
Je suis devenue maman il y a 3 ans et demi. Et je ne voulais pas que mon fils, N, vive ce que j’ai vécu. Je veux qu’il se sente respecté pour qui il est, qu’il puisse s’exprimer, qu’il soit considéré comme un membre de cette famille qui a droit à la parole et le droit de ressentir.
Est-ce qu’il a le droit de tout faire pour autant ? Non. Mon mari et moi élevons notre fils dans un cadre bienveillant mais un cadre tout de même. Les règles sont claires et comprises par tous. Quand quelqu’un brise les règles, on répare. J’ai décidé de changer mon regard sur l’éducation que j’ai reçue, de rompre le cercle vicieux et de changer le destin de mon fils. La peur de son parent n’a plus droit de cité chez nous.
Est-ce que c’est facile tous les jours ? Non, ça demande beaucoup de travail sur soi.
Je m’appelle Amandine. Je suis maman de N. 3 ans et demi et je suis accompagnante en parentalité respectueuse.
Et, vous, quelle est votre histoire avec l’éducation bienveillante ?

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